mardi 30 juin 2020

Eldorado - Laurent Gaudé

Laurent Gaudé - Eldorado
224 pages
Parution : 2009

Un peu de l'histoire :

Le commandant Salvatore Piracci travaille sur le Zeffiro, ce bateau qui navigue entre l’île de Lampedusa et Catane, son port d’attache et dont le rôle consiste à récupérer les migrants, toujours abandonnés dans des coques de bois, sans eau ni nourriture, avec la mort pour tout avenir.

Il leur sauve la vie, mais il détruit également leurs rêves d’eldorado en les livrant aux camps de migrants de Lampedusa.

Lorsque cette femme, qu’il a sauvé il y a quelques années, revient lui demander une arme pour tuer son ancien passeur, qu’elle juge responsable de la mort de son fils lors du voyage, un déclic se produit dans l’esprit de Piracci.

Lui aussi recherche son eldorado. Et c'est aussi le cas de Soleiman, ce syrien qui va traverser l’Afrique pour tenter à son tour de passer en Europe.

À mon avis :

Un récit circulaire : chacun cherche son propre eldorado, son sens à l’existence, quel que soit les risques et les conséquences.

Et puis, pour Piracci, il y a ce malaise en lui, celui qui est fondé par des années passées à empêcher les autres de réaliser leur rêve, de donner un sens à leur existence.

Ce malaise, cette douleur intérieure, on la ressent assez rapidement dans le récit. Elle se pose sans doute entre l'espoir de ces migrants et les déceptions qu'il engendre parfois.

C'est donc un récit plein de sens qui nous est livré ici, avec un style d'écriture poétique, plein d’émotion, de lyrisme, d’autant plus que le sujet est grave. C'est aussi le thème de prédilection de Laurent Gaudé.

On y retrouve, comme dans "La tresse", ce chassé-croisé de trois histoires qui se rencontrent et qui donnent le fil conducteur du récit. 

Mais au delà de cet aspect, il m'a néanmoins manqué de la profondeur d'analyse, notamment sur le sens du geste de Piracci, même si on peut lui donner une explication globale. 
De ce fait, on est trop passif et on suit ces trois aventures avec un peu de distance et de superficialité, alors que le sujet mériterait qu'on s'en imprègne beaucoup plus profondément. 

C'est ce qui fait sans doute la différence entre un récit dont on perçoit l'importance sans la toucher du doigt et une œuvre majeure... ce qu'il n'est pas.
★★★

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Laurent Gaudé : un auteur engagé

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