lundi 27 février 2023

Les thanatonautes - Bernard Werber

502 pages
Edition : 1994

Un peu de l'histoire : 

"La thanatonautique naquit d'un incident fortuit. La plupart des historiens la datent du jour de l'attentat contre le président Lucinder."

Confronté à une Expérience de Mort Imminente (ou Expériences post-comatiques ou encore NDE en anglais), le président Lucinder décide de financer un nouveau laboratoire dont l'objectif est l'exploration du dernier continent inconnu : celui de la mort.

Michael Pinson et Raoul Razorbak, deux vieux compères qui se connaissent depuis l'enfance et qui sont fascinés par la mort depuis toujours, prendront la tête de ce laboratoire, en débutant les expériences sur des volontaires, accessoirement prisonniers de droit commun.

Si le nombre de décès sans retour est important, le président maintient le financement du laboratoire, au risque de se voir laminé aux prochaines élections, voire d'être accusé de génocide.

Mais à force de persévérance, le premier Thanatonaute (du grec Thanatos, la mort, et Nautês, navigateur) finit par revenir de l'au-delà.

Démarre ainsi l'engouement de tous pour cette nouvelle technologie balbutiante, mais qui très vite progresse toujours plus loin vers le "Paradis".

A mon avis :

Belle idée que ce voyage exploratoire vers les confins de la vie, ou plutôt de la mort.

Après un démarrage un peu poussif parce qu'il s'agit de l'enfance des deux héros de ce roman de science fiction (Raoul et Michael), le récit entre dans le vif du sujet. Et ce sujet est assez original. L'imagination de Bernard Werber fait mouche, on se passionne nous aussi pour cette exploration d'un monde qu'on imagine véritable, d'autant que des extraits de textes ou des interprétations mystiques viennent agrémenter chaque début de chapitre.

En y ajoutant quelques éléments complotistes et des histoires d'amour et de famille, l'auteur rend son récit encore plus passionnant.

Et puis, progressivement, l'engouement ressenti au départ se tasse. 

L'exploration et les différentes étapes rencontrées dans l'au-delà (moch 1, moch 2, 3, 4...) font durer l'histoire et finalement, même si ce que l'on découvre à chacune d'entre elle est différent, la mécanique est toujours identique.

On commence par conséquent à se lasser.
Cette sensation est accentuée par la banalité des aventures de nos thanatonautes, qui trouvent dans l'Au-delà les mêmes problématiques que "sur Terre", avec les mêmes déviances tellement humaines... Si bien que l'esprit inventif du début du récit se perd totalement dans la banalité des aventures qu'ils vivent.

Et pour parachever le tout, ce que l'on découvre sur la fin du "voyage vers le Paradis" frise le ridicule. Je ne voudrais pas déflorer ici l'intrigue, mais vraiment, ce fut une réelle déception tant cela manque d'imagination.

Il y avait donc un vrai potentiel dans ce récit, mais malheureusement il est retombé dans la banalité d'un roman de pseudo-science fiction. Quel dommage. 

On ne peut pas écrire Les fourmis à chaque fois...
★★☆☆

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Olivier Barrot présente les Thanatonautes / Ina culture :



mardi 3 janvier 2023

Bilan 2022

 

Meilleurs vœux 2023 à tous les lecteurs de ce blog, que cette année vous apporte la santé, le bonheur et d'extraordinaires ouvrages à dévorer. 

Comme tous les ans à la même période, je vous propose un bilan de mes lectures de l'année écoulée :

-22 publications de lectures classées (parfois dans plusieurs catégories) en :
  • 9 romans ;
  • 4 romans policiers ;
  • 4 thrillers ;
  • 7 essais
  • 2 biographies.

2022 fut une année moins dense en terme de lecture pour moi, ce qui rend le choix du livre qui m'a marqué plus difficile.

En effet, au final, aucun récit ni aucun style n'est vraiment sorti du lot.

Toutes mes meilleures lectures de l'année se sont ressemblées, aucune ne m'a particulièrement marqué. Citons néanmoins parmi elles, ce roman policier qui fut une bonne surprise
 :

-Dans les brumes de Capelans d'Olivier Norek.



C'est l'occasion de remettre cet auteur à l'honneur, après un petit passage à vide de sa part, avec son roman "raté" selon moi : impact.

Dans les brumes de Capelans est venu, en 2022, remettre Norek sur les rails des romans qu'il avait l'habitude d'écrire, et qui avaient fait de lui un auteur à lire absolument : des policiers musclés et dont l'action démarre souvent dès les premières pages.

C'est donc le cas de ce livre que je vous recommande notamment du fait de l'environnement dans lequel se déroule le récit : l'ile de Saint-Pierre. 

C'est pour moi la première fois que l'action d'un livre se situe sur cette ile et le phénomène météo qui est repris dans le titre m'était inconnu. 

Bien sûr l'histoire elle-même est aussi prenante et finalement, c'est un policier assez complet et très agréable à lire.

Alors si Olivier reprend la route des romans de ce type, je la prends avec lui !

Bonne année 2023 !

mercredi 28 décembre 2022

La stupidité humaine : des lois fondamentales de Cipolla à la relativité générale - Philippe Bonnamy

84 pages
Parution : 2019

Un peu de l'histoire :

"Il y a près de cinquante ans, un brillant universitaire italien, aujourd'hui décédé, du nom de Carlo Maria Cipolla, publiait un essai plein d'humour intitulé "les lois fondamentales de la stupidité humaine".

Partant de cet essai, Philippe Bonnamy s'interroge sur la pertinence actuelle de ses propositions de l'époque.

La conclusion est sans équivoque : non seulement l'essai de Cipolla est toujours d'actualité, mais aux cinq lois fondamentales de la stupidité humaine, peut également s'en rajouter une.

Et ainsi, en rappelant dans un premier temps les cinq lois évoquées par Cipolla et en établissant leur modernité, il propose d'ajouter que "plus un pays bénéficie des bienfaits de la Providence et plus ses habitants sont stupides", voire de faire de la stupidité la quatrième dimension de l'Univers.

A mon avis : 

J'avais attaqué la lecture de cet essai avec l'espoir de rire un peu et de trouver une écriture au second degré qui fait habituellement mon régal.

C'est sans doute la tentative de cet ouvrage : être à la fois sérieux mais dans le second degré pour que cela devienne risible.

De ce point de vue c'est malheureusement, selon moi, un échec.

Déjà, on pourrait critiquer la facilité qui consiste à reprendre les idées déjà développées par Cipolla lui-même, et je l'aurais fait volontiers si j'en avais eu connaissance par ailleurs. 

Comme ce n'était pas le cas, je laisse à Philippe Bonnamy le bénéfice de cette initiative qui m'a permis d'aborder la sixième loi en toute connaissance des cinq premières.

Mais le vrai point faible de cet essai, c'est qu'on a l'impression que tout cela est pris très au sérieux et finalement, on ne distingue pas forcément le second degré ni l'exagération qui en ferait un livre drôle.
C'est déroutant, et cela a tendance à rendre la lecture ennuyeuse, voire fastidieuse lorsque l'auteur entre dans des considérations mathématiques pour expliquer certaines lois issues d'un "quotient de stupidité", même si elles laissent à réfléchir sur leur pertinence.

Bref, même si ce court essai se lit rapidement, il reste finalement sans grand intérêt car le seul qu'on aurait pu en tirer c'est de rire... et là ce n'est pas le cas.
★★

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Biographie de l'auteur (Réf. : Amazon)

Polytechnicien, successivement ingénieur, financier, entrepreneur, et parallèlement enseignant en Universités et Ecoles d'Ingénieurs, Philippe Bonnamy a tiré partie de ses multiples expériences pour mettre en œuvre avec le sourire une étude méthodologique sans faille de la stupidité humaine.

jeudi 8 décembre 2022

Les choses humaines - Karine Tuil

352 pages
Parution : 2019

Un peu de l'histoire :

La famille Farel avait tout pour être heureuse.

Claire, auteur de six ouvrages à succès, mariée à Jean, journaliste politique de télévision reconnu et leur fils, Alexandre, élève brillant qui débute ses études à Stanford en Californie.

Mais "le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage, tyrannique, incoercible, Claire y avait cédé comme les autres".

Jean, lui, entretient depuis des années une relation avec une journaliste de presse écrite et ne refuse pas à l'occasion de trousser les stagiaires de la chaine.

Quant à Alexandre, "la performance, sa vie s'était longtemps réduite à ce seul mot". On n'est pas n'importe qui lorsqu'on est le fils de Jean Farel...

Lorsque l'accusation de viol tombe, le château de carte s'écroule.
Débute alors une autre histoire. Celle d'une mère féministe qui ne peut que protéger son fils potentiellement agresseur sexuel. Celle d'un père qui se bat pour son fils comme il se bat pour conserver sa place dans la grille télévisuelle. Celle d'un enfant, dont les valeurs et les repères sont peut-être en décalage et qui risque entre quinze et vingt ans de prison.

A mon avis : 

Je me suis demandé pourquoi la première partie de ce roman évoque les turpitudes de cette famille et qu'elle n'entrait pas dans le vif du sujet tout de suite. 
Mais le choix de l'auteur, ce n'est pas seulement d'évoquer cette histoire de viol. C'est aussi de passer un revue les travers ou les caractéristiques de cette famille, de ce milieu et finalement de notre société actuelle.

Elle permet aussi de apréhender l'histoire de chacun et de mieux saisir la réaction des uns et des autres, qui est pour chacun finalement assez naturelle ou au moins compréhensible.

Mais le plus intéressant dans ce livre, c'est la deuxième partie, le procès de ce viol et la vision que chaque partie en a. Est-ce vraiment un viol ? Pour lui, non, et sans doute en toute sincérité. Pour elle, oui, et sans doute également est-ce sa vérité.

Ce balancement entre la vérité de l'un et celle de l'autre, avec au milieu les enjeux sociétaux (metoo) et de pouvoir (la notoriété du père, les convictions de la mère) fait de ce récit un moment de lecture très contemporain, reflet des contradictions et parfois des dérives de notre société.

C'est très bien abordé par Karine Tuil, après avoir donc été bien amené.

Reste tout de même un petit aspect négatif qu'est cette analyse psychologique peut-être un peu caricaturale, néanmoins cela ne terni pas l'idée que l'on a à la sortie de sa lecture.
★★★☆

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Interview Karine Tuil :