208 pages Parution : 2020 |
Un peu de l'histoire :
"Je m'appelle Nina, j'ai 16 ans, et je reviens de l'enfer".
Cet enfer, c'est d'abord celui du harcèlement "ordinaire" au collège, puis celui des réseaux sociaux et des faux profils de prédateurs en chasse, celui de l'alcool aussi, du viol, de la drogue et de la prostitution dans lesquels Nina va tomber. Contre son gré parfois, mais aussi du fait de ses propres décisions, de cette quête d'une liberté qu'elle croit naïvement pouvoir trouver si tôt, seule.
Mais les adultes, eux, le savent... la liberté a un prix, surtout si jeune.
Et pour la famille, imaginer progressivement ce qui peut arriver à une jeune fille, qui plus est la sienne, aux mains de personnes plus ou moins bien intentionnées, c'est également un enfer.
C'est constater son impuissance à protéger une enfant qui pourtant appelle sporadiquement au secours et qui, à peine retrouvée, est déjà repartie. C'est affronter l'apathie d'une administration pas toujours à l'écoute ni compréhensive. C'est essayer de faire appréhender une situation complexe et essayer d'en cerner soi-même les causes.
Et c'est parfois échouer.
Mon avis :
Ce livre est un témoignage bouleversant, pas seulement celui d'une jeune fille, mais aussi celui de sa famille.
Ecrit à deux mains, alternativement le père et la fille, avec chacun sa version des événements et sa vision des choses, il relate de façon simple et claire la progressive descente vers l’enfer de la prostitution dont les deux ignorent tout à priori, mais qui deviendra vite une réalité bien palpable.
On ne saurait dire si c'est le harcèlement qu'elle a eu à supporter au collège qui est à l'origine de tout ça, ou le viol qu'elle a subit à ses 15 ans, car il transpire chez cette adolescente un besoin maladif de liberté, de contrôle de sa vie (est-ce une pathologie ?), et aussi cette impression qu'elle est dépassée elle-même par ses sentiments et qu'elle ne peut s'en défendre, malgré l'aide et l'amour de sa famille.
"Je crois que je leur dois d'être en vie aujourd'hui. Je m'en veux de les avoir tant fait souffrir, eux et mes petits frères. Quand j'y pense, cela me fait pleurer".
Et de fugues en fuites en avant, on perçoit l'engrenage dans lequel elle entre et dont elle aura tant de mal à sortir.
Pour nous lecteurs, on ne peut qu'être effarés de la facilité avec laquelle une adolescente, mineure, peut passer pour une adulte, se déplacer dans l’Hexagone ou à l'étranger sans accord familial, voire avec un signalement de fugue sur le dos. On ne peut aussi qu'être atterré de l'inertie d'une administration n'ayant que peu de moyens pour protéger les enfants qui, en quelques clics sur un ordinateur, peuvent se procurer de la drogue et vendre leur corps et leur jeunesse au premier pervers venu. Et ne vous y trompez pas... ce n'est pas de l'histoire ancienne : tout ceci s'est passé il y a deux ans à peine, autant dire hier !
Dès la première page, on ressent cette tension et on sait déjà qu'on ne ressortira pas indemne de ce livre, surtout en tant que parents.
C'est le but affiché : "Ce livre est un cri. Puisse-t-il aider les parents, les cadres éducatifs, les policiers, les magistrats, à prendre conscience de la complexité et de la gravité de ce fléau. Nos enfants ne sont pas à vendre".
Alors, parents, lisez-le !
★★★★☆
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Interview de Nina :
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