jeudi 29 octobre 2020

Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école - Jean-Pierre Obin

166 pages
Parution : 2020
 Un peu de l'histoire :

"Comment l'école laïque, l'école républicaine, notre école publique, a-t-elle pu ainsi laisser prospérer, voire nourrir en son sein une idéologie aussi opposée à ses valeurs ?"

"Les instituteurs, les professeurs, les responsables institutionnels et politiques n'ont-ils donc rien vu venir ?"

"Ce livre se veut un cri d'alarme".

Voici en substance comme débute cet essai de Jean-Pierre Obin. Il y exprime ce constat, que pendant 20 ans, "les aveugles et les couards ont permis à l'islamisme de continuer à pénétrer et à contaminer notre école".

Il y conteste ou pour le moins relativise les chiffres officiels du Ministère concernant les signalements d'atteinte au principe de laïcité et observe une véritable augmentation de la revendication d'une différentiation entre les musulmans et les autres, en matière de mœurs, de style vestimentaire, de contenu des cours… y compris à l'école primaire et y compris de la part des parents, plus seulement des élèves. Et celle-ci est manifestement favorisée par la perméabilité croissante des jeunes musulmans de France à l'islamisme.

Il s'interroge également, à coup d'exemples vécus par des enseignants, sur les raisons pour lesquelles nos hommes politiques, de droite comme de gauche ont été si aveugles ou permissifs, au point de générer chez certains enseignants une véritable autocensure, délétère pour la laïcité.

Il propose alors des pistes pour revenir à une situation plus républicaine, pour finalement conclure que "pendant longtemps le déni du danger de l'islamisme a dominé notre pays, en particulier dans l'école. Cela est peut-être en train de changer, mais les secteurs de la société et du monde politique qui refusent de regarder la réalité en face sont encore légion".

Mon avis :

Il faut bien reconnaitre que, ayant attaqué la lecture de ce livre la veille de l'assassinat de Samuel Paty, il ne pouvait pas être plus d'actualité.

Sans entrer dans les débats sur la laïcité, la liberté d'expression, l'islamisme, l'angélisme politique… trop larges pour être évoqués ici (et c'est une chronique littéraire, pas une tribune politique), on ne peut que s'étonner de cette dérive communautaire, même si, de loin, on en perçoit l'existence, mais souvent de façon relative.

Pas de relativité dans ce récit donc. Du brut, des exemples parlants, nombreux semble-t-il, qui font naitre un véritable sentiment d'appréhension quant à la dérive de notre système éducatif et aux contraintes que subissent nos enseignants et nos enfants dans ce qui devrait être un sanctuaire.

Personnalité de gauche, inspecteur général de l'Education nationale et rédacteur d'un rapport en 2004 sur "les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires" (rendu au moment des problématiques sur le voile islamique à l'école), Jean-Pierre Obin établit dans cet essai le constat de l'évolution de la situation depuis toutes ces années. Et s'il n'est pas catastrophique, il est pour le moins alarmant.

Construit à partir de l'interprétation des chiffres du Ministère de l'Education Nationale et sur un fonds documentaire assez large, cet essai a le mérite d'être sans concession. Il porte un jugement sans distinction des partis au pouvoir, chacun ayant selon Jean-Pierre Obin participé à sa façon à cette bérézina de l'Education nationale. 

Même si l'accumulation d'exemples ne fait pas forcément la règle, il laisse néanmoins un gout amer et une certaine inquiétude au lecteur.
★★★



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire