mercredi 26 mai 2021

J'irai tuer pour vous - Henri Loevenbruck

640 pages
Parution : 2018

Un peu de l'histoire :

Milieu des années 80, à l'heure de la cohabitation Mitterrand/Chirac, des attentats parisiens du Hezbollah liés aux relations tendues entre la France et l'Iran, et des prises d'otages de journalistes français au Liban, la DGSE a besoin d'un type disponible, qui puisse rester sur site.
"Pas un gars de chez nous, un agent (entendez un personnel extérieur à la DGSE, payé en liquide pour des services ponctuels). Un type qui a l'habitude de se faufiler dans le civil autant qu'en opération. De se faire oublier..."

Ce type, Olivier Dartan, officier de la DGSE et chef de poste adjoint au Liban, va le recruter. 

Il ira chercher Marc Masson, déserteur de l'armée, baroudeur sans attache qui faillit mourir en Amérique du Sud, pourchassé par des trafiquants de drogue locaux.

Compte tenu de ses aptitudes naturelles et persuadé que ce "métier" est fait pour lui, qu'il répondra à son amour de l'action et de son pays, Masson ne tardera pas à réussir sa formation et à accepter ce travail si particulier.

Il deviendra Hadès, agent secret au service de son pays, mais bien conscient que son pays le renierait en cas de pépin. 

Et après quelques missions simples, il sera finalement appelé par Dartan :
"Marc sut aussitôt ce que cela voulait dire. Il allait devoir tuer. Tuer pour son pays."

A mon avis :

Le personnage de Marc Masson a réellement existé. Henri Loevenbruck l'a rencontré.

Après les attentats de Charlie Hebdo, il autorisa enfin l'écrivain à raconter son histoire si singulière, même si les dates et les noms ont été modifiés pour conserver une certaine confidentialité du propos.

En évoquant la vie et les déboires de Marc Masson avant son entrée à la DGSE, le récit nous permet de nous imprégner de ce personnage, d'en sentir la sensibilité et les particularités, qui feront de lui le candidat idéal pour devenir un tueur. Pas un assassin, mais plutôt, comme il le dit lui même "être la balle dans votre fusil. C'est vous qui tirez, c'est moi qui tue".

Arrive alors le moment de la sélection et des premiers entrainements du futur agent. Ils m'ont immédiatement plongé dans les souvenirs du film Nikita (Luc Besson 1990), qui relate de la même manière les premiers pas d'un citoyen ordinaire (une femme dans le film de Besson) dans une existence extraordinaire, faite d'attente devant le téléphone, puis de tests grandeurs natures, et enfin de véritables missions dans lesquelles sa vie sera très vite en jeu. 

J'ai été conquis par ce livre, à la fois très documenté sur les années compliquées de la cohabitation Mitterrand/Chirac et les relations internationales entre la France et certains pays du Moyen Orient, et sur le rôle de ces agents de l'ombre, dont on entend parler qu'à de rares occasions (parfois peu glorieuses d'ailleurs, pour ceux qui se souviennent de l'affaire du Rainbow Warrior).

J'y ai trouvé un bon équilibre entre l'analyse des états d'âmes du personnage et ses faits d'armes. On s'attache rapidement à ce personnage, que l'écriture d'Henri Loevenbruck, dynamique et pleine de sensibilité discrète, rend très humain et loin du cliché du tueur froid, même si forcément Masson n'est pas un ange.

Je me suis donc régalé à la lecture de ce livre passionnant, qui m'a également laissé une certaine mélancolie sur les dernières pages, tant cette histoire a un coté triste finalement.

_________________________________________________

Henri Loevenbruck dans "Les Rencontres du Parvis" :




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire