jeudi 8 décembre 2022

Les choses humaines - Karine Tuil

352 pages
Parution : 2019

Un peu de l'histoire :

La famille Farel avait tout pour être heureuse.

Claire, auteur de six ouvrages à succès, mariée à Jean, journaliste politique de télévision reconnu et leur fils, Alexandre, élève brillant qui débute ses études à Stanford en Californie.

Mais "le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage, tyrannique, incoercible, Claire y avait cédé comme les autres".

Jean, lui, entretient depuis des années une relation avec une journaliste de presse écrite et ne refuse pas à l'occasion de trousser les stagiaires de la chaine.

Quant à Alexandre, "la performance, sa vie s'était longtemps réduite à ce seul mot". On n'est pas n'importe qui lorsqu'on est le fils de Jean Farel...

Lorsque l'accusation de viol tombe, le château de carte s'écroule.
Débute alors une autre histoire. Celle d'une mère féministe qui ne peut que protéger son fils potentiellement agresseur sexuel. Celle d'un père qui se bat pour son fils comme il se bat pour conserver sa place dans la grille télévisuelle. Celle d'un enfant, dont les valeurs et les repères sont peut-être en décalage et qui risque entre quinze et vingt ans de prison.

A mon avis : 

Je me suis demandé pourquoi la première partie de ce roman évoque les turpitudes de cette famille et qu'elle n'entrait pas dans le vif du sujet tout de suite. 
Mais le choix de l'auteur, ce n'est pas seulement d'évoquer cette histoire de viol. C'est aussi de passer en revue les travers ou les caractéristiques de cette famille, de ce milieu et finalement de notre société actuelle.

Elle permet aussi de apréhender l'histoire de chacun et de mieux saisir la réaction des uns et des autres, qui est pour chacun finalement assez naturelle ou au moins compréhensible.

Mais le plus intéressant dans ce livre, c'est la deuxième partie, le procès de ce viol et la vision que chaque partie en a. Est-ce vraiment un viol ? Pour lui, non, et sans doute en toute sincérité. Pour elle, oui, et sans doute également est-ce sa vérité.

Ce balancement entre la vérité de l'un et celle de l'autre, avec au milieu les enjeux sociétaux (metoo) et de pouvoir (la notoriété du père, les convictions de la mère) fait de ce récit un moment de lecture très contemporain, reflet des contradictions et parfois des dérives de notre société.

C'est très bien abordé par Karine Tuil, après avoir donc été bien amené.

Reste tout de même un petit aspect négatif qu'est cette analyse psychologique peut-être un peu caricaturale, néanmoins cela ne terni pas l'idée que l'on a à la sortie de sa lecture.
★★★☆

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Interview Karine Tuil :




 

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