mercredi 20 août 2025

Et chaque fois mourir un peu - Tome 1 - Karine Giebel

480 pages
Parution : 2024

 Un peu de l'histoire :

Grégory est infirmier humanitaire au sein de la Croix-Rouge internationale. Il consacre sa vie aux zones de guerre, là où les populations civiles subissent les pires violences. 

De Sarajevo à Gaza, de la Tchétchénie à l’Afghanistan, il se trouve au cœur des conflits, toujours prêt à porter secours, à soigner, à sauver ce qui peut l’être.

Mais cette vocation a un prix : celui de mettre sa vie en danger à chaque mission, d’être témoin de l’horreur, de la cruauté et de la souffrance sans fin. 
Mais sans cela, il se sent vide et sa vie n'a pas la même saveur.

Au fil des années, Grégory affronte les traumatismes liés à ce qu’il voit et endure, mais aussi les dilemmes moraux et les blessures intimes qu’engendre un tel engagement.

Ce premier tome suit son parcours d’homme et d’humanitaire, montrant autant la générosité que la fragilité de celui qui a choisi de se confronter à la violence du monde.

A mon avis : 

En général, les livres de Karine Giebel commencent doucement, par la mise en condition du lecteur, par la pose de l'ambiance et de l'environnement. 
Puis elle entre dans le vif du sujet et ça décoiffe.

Ici, vous n'aurez droit qu'à la première partie seulement...

Un peu comme l'avait fait Olivier Norek dans Impact, qui nous avait fait découvrir tous les sites pollués de la planète, nous voilà contraint ici de passer sur toutes les scènes de guerre du Monde, pour découvrir que la guerre, c'est pas bien et que ça tue les "chtits nenfants..."

Outre que nous le savions déjà, on passe donc beaucoup de temps de lecture à découvrir les affres de chaque terrain de combat dans lesquels il ne se passe pas grand chose du point de vue de notre héros, si ce n'est qu'il souffre de voir la douleur du Monde.

Concrètement, nous sommes donc vraiment dans la première partie d'un roman qui ne s'achève pas en refermant le tome 1.

J'ai déjà eu l'occasion de dire que je ne suis pas adepte des romans à suite... Cela se confirme et je ne comprends toujours pas (si ce n'est que cela permet de vendre davantage) pourquoi toute l'histoire n'est pas compilée dans un seul volume, quitte à ce que cela fasse beaucoup de pages (Ken Follett s'y est essayé et ça ne lui réussit pas si mal...).

Bref, j'ai eu du mal à rester accroché à ce roman, parce qu'il m'a laissé l'impression d'être répétitif sur chaque chapitre.
Oui, bien sûr, il lui arrive à chaque fois un petit truc un peu original à ce personnage, mais franchement ça m'a laissé sur ma faim...
★★☆☆

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Présentation par Griffenoiretv :




jeudi 22 mai 2025

La formule de Dieu - J.R. Dos Santos

720 pages
Parution : 2006

 Un peu de l'histoire :

Tomás Noronha, professeur d’histoire et cryptanalyste à Lisbonne, se voit confier une mission mystérieuse par les services secrets iraniens : décrypter un manuscrit énigmatique laissé par Albert Einstein.
Ce document est censé contenir des révélations explosives et qui pourraient donner un avantage militaire certain à celui qui le possède.
Mais si Tomás a accès à une formule énigmatique sensée permettre de déchiffrer le manuscrit, il n'a pas accès directement à celui-ci. La tâche est ardue. 

 La tentative de décryptage entraîne Tomás dans une enquête haletante, entre science, religion, géopolitique et manipulations en tout genre, et dans une quête vers l’origine de l’univers et… l’existence de Dieu,

De Téhéran à Lisbonne, en passant par le CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire) et le Tibet, l’aventure se double d’une réflexion vertigineuse sur le Big Bang, la mécanique quantique, et les textes sacrés.

A mon avis : 

Un roman qui se lit comme un thriller mais qui déborde largement du cadre classique du genre. José Rodrigues dos Santos a le don de vulgariser des théories complexes sans jamais perdre le lecteur, bien que cela nécessite parfois d'être bien accroché.

Comme dans ma précédante lecture de cet auteur, on apprend énormément tout en étant pris dans l’intrigue. Le rythme est bon, même si certains dialogues sonnent parfois un peu artificiels tant ils cherchent à instruire plus qu’à faire avancer l’action. Mais on lui pardonne tant le fond est passionnant. Néanmoins, la nécessité d'une explication claire et entière des problématiques qui sont abordées, impose parfois aussi un ralentissement du rythme de l'action. On sent bien que certains passages ne sont là que pour faciliter la compréhension, sans intérêt majeur pour l'action.

Néanmoins, les allers-retours entre science et spiritualité, foi et raison, sont menés avec finesse. On ressort du livre à la fois diverti et un peu sonné par la densité des idées.

Un roman intelligent, qui donne envie de creuser plus loin les sujets évoqués. Entre Da Vinci Code et Une brève histoire du temps, une belle réussite pour qui aime les thrillers à contenu.
★★★☆

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Interview J.R. Dos Santos :




vendredi 18 avril 2025

Immortel - J.R. Dos Santos

656 pages
Parution : 2019

Un peu de l'histoire : 

Lors d'une conférence à Hong Kong, un éminent scientifique chinois, le professeur Yao Bai, annonce la naissance déjà effective de deux bébés génétiquement modifiés.

Cette annonce, imprévue, n'est pas du goût du gouvernement chinois.
Dès lors, Yao Bai disparaît mystérieusement, mais cette révélation secoue la communauté internationale et attire l'attention des services secrets de tous bords.

Tomás Noronha, historien et cryptologue, est contacté à Lisbonne par Kurt Weilmann, un scientifique américain de la DARPA, l'agence fédérale américaine liée à la science et à la technologie, pour enquêter sur cette disparition. 

Plongé au cœur d'une intrigue mêlant manipulations génétiques et intelligence artificielle, Tomás découvre non seulement les véritables enjeux d'un projet chinois aux implications mondiales, mais aussi les vertigineuses perspectives d'évolution de l'IA.

A mon avis :

"Immortel" est un thriller scientifique captivant qui explore des thèmes tout à fait d'actualité, tels que l'intelligence artificielle et la quête de l'immortalité (l'homme immortel serait même déjà né !). 
La chose la plus bouleversante sans doute, c'est cet avertissement en toute première page : "Toutes les informations scientifiques présentées dans ce roman sont vraies."
Parce que ce que l'on y découvre est hallucinant, étourdissant, inquiétant même ! 

Selon Dos Santos, dans tous les aspects de notre vie, l'IA sera présente et dominante. Vous pensez que c'est pour la génération suivante ? Pas du tout ! C'est pour demain, voire même pour maintenant. 

Réfléchissez : vous le savez, la capacité d'un ordinateur double tous les dix huit mois, c'est la loi de Moore.
Ça vous parait anodin ?
Alors je reprends l'explication de Weilmann : la capacité des ordinateurs évolue au rythme d'un stade de football qui se remplirait de manière exponentielle (jusqu'au dernier gradin). Imaginez qu'il tombe une goutte, puis deux, puis quatre et ainsi de suite en doublant le nombre de gouttes à chaque seconde. Combien de temps faudra-t-il pour remplir le stade ?
...49 secondes !!! (j'ai fait le calcul avec le stade de France : 46 secondes !). "Le plus extraordinaire, c'est qu'au bout de quarante-cinq secondes, il n'y aura dans le stade que 7% d'eau et les spectateurs ne verront alors qu'une fine étendue d'eau sur la pelouse. L'inondation destructrice se produira au cours des quatre dernières secondes."

C'est donc la vitesse de progression des capacités de l'informatique, qui lui permettra d'atteindre La singularité, ce moment où, consciente, elle nous ouvrira un monde totalement inconnu... demain on vous dit ! Et c'est effrayant.

J.R. dos Santos parvient à vulgariser des concepts complexes, rendant la lecture à la fois instructive et divertissante. 
L'intrigue est bien ficelée, mêlant suspense et réflexions éthiques sur les avancées technologiques. J'ai adoré le mélange de connaissances et de suspense tout au long du récit. 

Les personnages sont bien développés, et le rythme soutenu maintient l'intérêt du lecteur jusqu'à la dernière page, car au delà des informations que l'on collecte tout au long du roman, le récit reste très prenant. 

Un roman qui pousse donc à réfléchir sur l'avenir de notre humanité face notamment aux progrès scientifiques. C'est effrayant, mais c'est à lire absolument !

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mercredi 26 février 2025

King Kong théorie - Virginie Despentes

160 pages
Parution : 2007

Un peu de l'histoire :

King Kong Théorie, c'est un peu comme si King Kong lui-même s'invitait dans le salon de thé de la bienséance féminine et détruisait tout sur son passage. Despentes, avec son franc-parler brutal et son humour caustique, y raconte son expérience de la féminité, des violences subies, du porno et de la prostitution, le tout en dynamitant les stéréotypes. 

Elle commence par une autobiographie expresse, où elle parle de son viol et de ses débuts dans le X, sans jouer la victime éplorée ou la repentie du sexe : elle veut rendre sa dignité à toutes celles qu'on juge "trop vulgaires", "trop violentes", ou tout simplement "trop libres".
En gros, Despentes dit "Non" à la féminité Disney, celle des princesses coincées et "Oui" à une féminité qui sent la sueur, le sang et les larmes.

Elle démonte joyeusement le mythe de la femme fragile qu'il faut protéger à tout prix, celle qui pleure et s'évanouit dès qu'un problème se présente. Ici, pas de victimisation pleurnicheuse, mais une revendication d'un féminisme qui ne s'excuse pas d'être en colère et qui n'a pas peur d'effrayer. 

C'est ainsi un manifeste féministe qui ne prend pas de pincettes et qui dit haute et fort que les femmes, tout comme King Kong, ne seront jamais dociles et soumises à des règles absurdes. Au contraire, elles devraient assumer leur côté sauvage, puissant et parfois incontrôlable, en grognant un bon coup si nécessaire. 

A mon avis : 

Avec un style encore une fois agressif, Despentes n'hésite pas à secouer le lecteur.
Dès les premières pages elle s'impose avec un style direct et percutant qui peut déstabiliser. Elle ne cherche pas à adoucir ses propos pour plaire et c'est ce qui rend sa lecture si intense.
Le ton est parfois coléreux, mais il exprime bien la rage et la détermination d'une femme qui refuse de se taire.

Ce livre n'est pas fait pour ceux qui apprécient les récits nuancés. Cependant, la force de son message et l'audace de sa plume apportent une vision différente.
Elle nous pousse à voir la féminité sous un angle neuf, parfois dérangeant, mais sans jamais trahir son authenticité.

Pour autant, ai-je apprécié ma lecture ?
Non !
Le style est trop brutal. L'accumulation des punchlines et de vérités qui claquent donnent l'impression d'être submergé par une avalanche d'émotions négatives et de révoltes sans répit. 

C'est trop. Peut-être aussi trop personnel. Peut-être qu'on ne peut pas comprendre puisqu'on n'a pas vécu la même histoire, mais pour autant, ce style agressif n'est pas plaisant à lire. 

Dans le cadre d'un article de journal, ça aurait été bien. Mais pour un bouquin, c'est trop. Et en plus c'est chaque fois pareil avec cette autrice (faut faire bien attention à pas dire auteur, hein).
Alors Despentes, pour moi, ce sera assez.

★★☆☆

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Interview V. Despentes chez B. Pivot :