mardi 8 décembre 2020

Fahrenheit 451 - Ray Bradbury

224 pages
Parution : 1953

 Un peu de l'histoire :

"Est-ce que vous êtes heureux ?" demande Clarisse à Montag.

Cette question, Montag se la pose désormais. Lui, le pompier dont le travail consiste à bruler les livres et les maisons de ceux qui renâclent à s'en débarrasser.

Parce que "le livre est un fusil chargé dans la maison d'à côté. Brûlons-le. Déchargeons l'arme. Battons en brèche l'esprit humain. Qui sait qui pourrait être la cible de l'homme cultivé ?"

Au XXe siècle, avec l'apparition de la photographie, du cinéma, "on a commencé à avoir là des phénomènes de masse. Ils se sont simplifiés. Et la population de doubler, tripler, quadrupler. Le cinéma et la radio, les magazines, les livres se sont nivelés par le bas, normalisés en une vaste soupe".

"La scolarité s'est écourtée, la discipline se relâche, la philosophie, l'histoire, les langues sont abandonnées, l'anglais et l'orthographe de plus en plus négligés, et finalement presque ignorés. On vit dans l'immédiat, seul le travail compte, le plaisir c'est pour après".

Mais dans ce monde où les livres et l'ouverture sur le monde et sur la réflexion qu'ils apportent sont vilipendés, Montag ne peut se résoudre à cesser de lire.

Jusqu'à ce qu'il soit amené à bruler son propre domicile.

A mon avis :

Ecrit en 1953 "alors qu'étaient dénoncées les dérives fascisantes de la Commission chargée des Activités antiaméricaines et plus tard du maccarthysme", ce livre n'a pas pris une ride. Voire même il est plus que jamais d'actualité.

Et c'est un coup de poing au ventre, un rappel de l'urgence à maintenir la connaissance, l'ouverture d'esprit et la liberté de pensée.

Aussi puissant qu'un 1984 de George Orwell, ce livre, magistralement écrit, réveille en deux cents pages votre conscience et alerte sur les dérives d'un système où la banalité et la facilité sont la norme et où le bonheur fabriqué ne peut être vraiment satisfaisant.

Un roman dystopique qui rappelle l'importance des livres eux-mêmes, pour la démocratie et sa survie, pour éviter ce qui semble déjà se profiler dans la société française actuelle :
"Les Noirs n'aiment pas Little Black Sambo. Brûlons-le. La Case de l'Oncle Tom met les Blancs mal à l'aise. Brûlons-le. Quelqu'un a écrit un livre sur le tabac et le cancer des poumons ? Les fumeurs pleurnichent ? Brûlons le livre. La sérénité, Montag. La paix, Montag. A la porte les querelles. Ou mieux encore, dans l'incinérateur".

Il nous engage alors à nous remplir les yeux de merveilles. A vivre "comme si tu devais mourir dans dix secondes. Regarde le monde. Il est plus extraordinaire que tous les rêves fabriqués ou achetés en usine. Ne demande pas de garanties, ne demande pas la sécurité, cet animal-là n'a jamais existé. Et si c'était le cas, il serait parent du grand paresseux qui reste suspendu toute la journée à une branche, la tête en bas, passant sa vie à dormir. Au diable tout ça [...]. Secoue l'arbre et fais tomber le paresseux sur son derrière !".

Et enfin, comme un message d'espoir, cette anecdote vient nous bousculer : "Il y avait autrefois, bien avant le Christ, une espèce d'oiseau stupide appelé le phénix. Tous les cent ans, il dressait un bûcher et s'y immolait. Ce devait être le premier cousin de l'homme. Mais chaque fois qu'il se brûlait, il ressurgissait de ses cendres, renaissait à la vie. Et on dirait que nous sommes en train d'en faire autant, sans arrêt, mais avec un méchant avantage sur le phénix. Nous avons conscience de l'énorme bêtise que nous venons de faire, conscience de toutes les bêtises que nous avons faites durant un millier d'années, et tant que nous en aurons conscience et qu'il y aura autour de nous de quoi nous les rappeler, nous cesserons un jour de dresser ces maudits bûchers funéraires pour nous jeter dedans. A chaque génération, nous trouvons un peu plus de monde qui se souvient". 

Bon sang ! Mais ça ne vous pète pas au visage ça ?
Alors lisez, lisez, lisez, en commençant par Fahrenheit 451.

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