mercredi 10 août 2022

Immortelle randonnée - Jean-Christophe Rufin

258 pages
Parution : 2013
Un peu de l'histoire :

Jean-Christophe Rufin, le médecin, l'écrivain, le diplomate, s'engage sur le chemin de Compostelle dans sa partie espagnole et en empruntant la voie du Nord, celle qui longe la Côte Atlantique depuis Hendaye jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Chemin faisant, il évoque ce changement de condition, cette transformation de l'homme civilisé en pèlerin, sale, fatigué, faible et fort à la fois :

"C'est par de telles expériences que l'on mesure sa nouvelle faiblesse, qui est une grande force. On n'est plus rien ni personne, seulement un pauvre pèlerin dont les gestes sont sans importance."

Il rencontre également l'humilité : "Un pèlerin n'arrive jamais nulle part. Il passe, voilà tout" ; "Je comprenais combien il était utile de tout perdre, pour retrouver l'essentiel", mais aussi temporairement une certaine spiritualité : "Heureux d'avoir reçu la révélation de la dimension spirituelle du Chemin au moment où je commençais à sentir ma motivation décliner".

Et tout au long de cette marche, il nous fait part de ses réflexions jacquaires. 

A mon avis :

Drôle de pèlerin que celui-ci... Un pèlerin vagabond j'allais dire, dans le mauvais sens du terme... ou un pèlerin clochard peut-être.

Au fil du récit, et notamment dans sa première moitié, il n'est question que de critiques sur tout ce qui ne fonctionne pas ou sur l'attitude des personnes qu'il croise sur le Chemin. En bon parisien stéréotypé, rien ne trouve grâce à ses yeux. Pas d'indulgence et des à priori sur la propreté, l'accueil, la vie des gens qui bordent le Chemin, qui en ont fait un mode de vie et en vivent parfois.
Ce sont d'ailleurs ces à priori qui lui font parfois rater des lieux et des rencontres qui font toute la beauté de ce chemin.

Quant à lui, pour une raison que j'ignore, il considère que le pèlerin est forcément sale et pitoyable. Alors il le cultive. Ou bien son manque d'hygiène et de respect de lui-même trouve-t-il une justification dans cette idée préconçue que le pèlerin est forcément un pauvre hère.

Ainsi, c'est une approche bien particulière du Chemin de Compostelle que nous propose J.C. Rufin. Pas de celles que j'ai pu recueillir en me documentant sur les expériences de ceux qui l'ont également parcouru. 
Sans doute parce que "Le Chemin est à tous mais chacun s'y découvre lui-même."

Alors, il manque des pans de ce pèlerinage : l'expérience de cette longue marche et ses effets sur le corps et l'esprit, mais surtout l'expérience des rencontres. A croire qu'il s'est comporté comme un sauvage (à l'exception près de la rencontre avec une jeune femme dont il parle sur quelques pages, même si c'est avec une certaine suffisance...).

Et finalement, même s'il engage en conclusion le lecteur à réaliser ce pèlerinage, la description qu'il en fait n'est pas flatteuse (pourquoi engager à le parcourir alors ?) et bien incomplète.
Si ce livre offre donc une version différente de l'expérience du pèlerin, ce qui peut être intéressant, c'est plutôt l'attitude et le snobisme de son auteur qui en gâche la lecture.
 ★★☆☆

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